Bientôt le nom d’Adam fut appelé, ce qui fit battre son cœur à mille à l’heure.
Il sentit tous les regards se poser sur lui, ses mains tremblant légèrement.
En peu de temps, il se leva de sa chaise, descendit l’amphithéatre et monta sur l’estrade sous les yeux de tout le monde.
Avec un pas hésitant, il se plaça dans le cercle lumineux au milieu de l’estrade.
La lumière commença à danser autour de lui, au début elle était très intense puis elle devint de plus en plus pâle et faible.
Simultanément, Adam sentit une énergie bouillonner dans sa poitrine, mais l’intensité était loin de celle qu’il avait observée chez les autres.
Quand enfin la lumière s’éteignit, une petite épée émoussée apparut devant lui.
Et vu sa taille, c’était plus une dague qu’une épée.
Sauf que normalement les dagues apparaissaient par paire.
La sienne semblait usée, terne et sans éclat particulier.
Les murmures emplirent la salle, teintés de rire et de moqueries étouffées.
Le directeur fronça légèrement les sourcils, visiblement gêné.
« Une... dague d’entraînement ? » murmura-t-il avec surprise.
Il avait déjà vu des talents faibles, mais faible à ce point-là c’était tout aussi rare qu’une personne réveillant une affinité avec un élément.
Adam sentit le rouge lui monter aux joues.
Une arme d’entraînement représentait un talent extrêmement faible, presque inutile dans un monde où le talent déterminait l’avenir et le statut.
Cela ne pouvait pas être une épée dû à la taille minuscule de celle-ci donc cela ne pouvait être considéré que comme une dague.
Et n’ayant qu’une dague au lieu de deux, sa compatibilité avec les techniques de dague serait forcément extrêmement faible.
Il saisit rapidement la dague qui s’était matérialisée devant lui et descendit de l’estrade en silence, sous les regards mi-moqueurs, mi-appitoyés de ses camarades.
Bientôt, tous les élèves conviés à cet événement eurent leurs talents de réveillé.
Lorsque le dernier élève quitta le cercle, le directeur s’avança au centre de l’estrade.
Son regard balaya la salle, s’attardant sur les visages contents ou tristes des étudiants dans la foule. Il leva une main, et le brouhaha s’estompa immédiatement.
« Je vous félicite tous pour votre réveil qui s’est effectué avec succès. »
« Désormais laissons place aux tests de compatibilité. »
« Veuillez amener l’alphus de première génération. »
Adam se sentait particulièrement dévasté en touchant la dague dans ses mains, mais il gardait toujours assez de concentration pour observer le personnel amené une énorme machine de forme ovale avec une porte.
Cette machine nommée alphus pouvait mesurer la compatibilité entre les talents, les techniques existantes dans le royaume ainsi que l’affinité aux éléments.
Cependant l’affinité aux éléments apparaissait très rarement puisque très peu d’individus en possédait une.
Visiblement, l’estrade était trop petite pour à la fois accueillir un cercle magique et un alphus.
Mais dans sa mémoire, Adam savait qu’il existait des alphus qui étaient si petits qu’ils pouvaient être transportés n’importe où.
Cependant, cette technologie coûtait excessivement chère alors seulement des riches ou des artistes martiaux puissants pouvaient les porter.
Les murmures reprirent de plus belle lorsque l’Alphus fut installé.
L’imposante machine brillait d’une lueur métallique, ses circuits émettant un bourdonnement régulier.
La porte ovale s’ouvrit lentement, révélant un intérieur rempli de cristaux scintillants et d’écrans d’analyse. Le directeur tourna la tête vers les élèves.
« Le test de compatibilité mesurera l’adéquation de votre talent à divers styles de combat et votre affinité aux éléments. Ceux qui obtiendront de bons résultats auront plus de chance d’intégrer une bonne université à l’avenir. »
Adam sentit son estomac se nouer. Si son "talent" était déjà une source de moqueries, qu’espérer de ce test ?
Il serra sa petite dague émoussée contre lui, hésitant à la ranger ou à la garder visible.
Le premier élève entra dans l’alphus. À travers les écrans extérieurs, tout le monde pouvait observer le processus.
Un jeune homme s’avança vers l’Alphus. Il tenait dans ses mains un arc scintillant de lumière dorée, son bois gravé de motifs qui semblaient onduler comme des vagues sous un vent doux.
Il respirait maintenant la confiance.
Lorsqu’il entra dans la machine, un vent invisible sembla s’agiter à l’intérieur car la machine bougeait beaucoup.
La projection holographique de l’arc apparut à l’extérieur, magnifique et brillant, tandis que des chiffres se mirent à clignoter sur les écrans.
Compatibilité :
Maîtrise de l’arc : 36
Affinité élémentaire : Vent : 15
Un murmure d’approbation parcourut la salle. Ces résultats étaient impressionnants.
« Oh, une affinité avec le vent est apparue ! Même si c’est une affinité médiocre, ça reste une affinité élémentaire, ce garçon a du potentiel. »
Le vent, un élément rare mais extrêmement précieux pour un archer, renforçait son potentiel en rendant ses flèches plus rapides, plus précises, et presque impossibles à éviter.
Et ce qui permettait cela, c’était la capacité de pratiquer les arts martiaux qui nécessitait cet élément pour être pratiqué.
Bien évidemment, avec une compatibilité aussi faible, sa maîtrise des arts martiaux nécessitant le vent comme affinité, ne pouvait pas aller loin.
Mais au moins, les techniques de tir à l’arc ne nécessitant pas l’élément vent comme condition pour les pratiquer progresseront plus rapidement que ce que sa compatibilité pouvait suggérer.
Concrètement, l’élément du vent pouvait être considéré comme un petit plug-in pour les archers, sa puissance dépendant de la compatibilité de l’individu.
Le directeur hocha la tête, satisfait.
L’étudiant, modeste mais visiblement satisfait, salua poliment avant de redescendre. Les élèves autour de lui le regardaient avec une pointe d’envie.
Le deuxième élève à passer était une jeune fille aux cheveux noirs coupés court, elle s’avança à son tour.
Elle portait les deux dagues luisantes, parfaitement équilibrées, avec des lames argentées légèrement incurvées, qu’elle venait de réveiller.
Lorsqu’elle entra dans l’Alphus, les chiffres apparurent peu après :
Compatibilité :
Maîtrise des dagues : 39
Arts furtifs et combat rapproché : 34
Un silence respectueux accueillit ces résultats. Ses compatibilités la prédestinaient à exceller dans l’art du combat rapproché et de l’assassinat, une discipline exigeant précision, agilité et discrétion.
Un instructeur, visiblement impressionné, murmura au directeur :
« C’est rare de voir une compatibilité aussi élevée avec les arts furtifs.»
La jeune fille hocha légèrement la tête aux professeurs et au directeur qui se tenaient sûr le côté de l’estrade.
Puis elle descendit de l’estrade, et croisa le regard d’Adam.
Elle fut un peu surprise, mais ne dit rien.
Un par un, les élèves passaient dans la machine. Certains obtenaient des résultats moyens, plutôt bons mais rien d’exceptionnel.
Quand vint le tour d’Adam, un silence tendu s’installa.
Il se dirigea vers la machine, ses pas lourds et incertains.
Au centre de l’espace, une sphère flottait, entourée d’un champ d’énergie vibrant. Elle émettait une douce mélodie, presque imperceptible, qui semblait résonner avec quelque chose de profond en lui.
Adam s’avança avec précaution, ses bottes résonnant légèrement sur le sol en verre renforcé.
Il leva les yeux et vit des hologrammes dansants au-dessus de lui, des projections de chiffres et de figures géométriques complexes qui changeaient constamment de forme.
Une voix douce et synthétique s’éleva, semblant sortir de cette étrange sphère d’énergie : « Bienvenue, Adam. Préparez-vous à la synchronisation. »
Il déglutit, impressionné autant qu’intimidé.
Il posa sa main sur un support métallique qui se trouvait juste en face de la sphère d’énergie.
Un frisson parcourut tout son corps lorsque la machine entra en contact avec lui.
Un flux d’énergie sembla l’envelopper, il se sentit à la fois minuscule et immense, comme si l’Alphus scrutait jusqu’à l’essence même de son existence.
« C’est comme… si elle lisait dans mon âme. » pensa-t-il, fasciné et légèrement inquiet.
Les écrans autour de lui se mirent à afficher des graphiques, des diagrammes complexes qu’il ne comprenait pas. Les runes s’illuminaient de plus en plus vite, et le ronronnement de la machine s’intensifia.
Adam ne put s’empêcher de sourire malgré la tension.
Cette machine n’était pas juste un outil ; elle était un chef-d’œuvre, un miracle de technologie et de magie combinées.
« À quel point faut-il être intelligent pour réussir à inventer une machine comme ça ? » pensa-t-il, fasciné.
Il savait que cette machine avait commencé à être construite pendant l’invasion avec de maigres ressources par des centaines scientifiques réunis sur 3 générations différentes.
Il existait des histoires comme quoi des grand-père, leurs fils et leurs petit fils travaillaient sur cette machine en même temps.
La voix synthétique résonna à nouveau : « Synchronisation complète. Analyse des talents en cours. Veuillez rester immobile. »
Adam ferma les yeux, laissant la machine faire son travail. Pour un moment, il oublia les ricanements de ses camarades, les regards moqueurs, et sa propre peur. Tout ce qui comptait était cet instant où il se tenait au cœur d’un miracle technologique, face à l’inconnu.
« Analyse des talents terminés. Détermination des compatibilités en cours. Veuillez rester immobile. »
À l’extérieur, tout le monde pouvait voir sa dague, fidèle à elle-même, petite et sans éclat.
Puis, des schémas défilèrent… aucune technique ne semblant compatible.
Des rires étouffés se firent entendre.
Le directeur fronça les sourcils à nouveau, visiblement embarrassé.
« Cela doit être une erreur… » murmura-t-il. Il fit signe à un technicien d’examiner les données.
Peu de temps après, la réponse apparut.
« Monsieur le directeur, il n’y a pas d’erreur. Le talent de ce garçon est juste trop faible pour avoir une compatibilité suffisante avec des arts martiaux ou des arts magiques. » répondit le technicien, avec de la pitié pour le jeune homme qui venait de monter sur scène.
30 secondes après, les résultats des compatibilités furent enfin affichés sur l’écran principal de l’alphus, projetant des chiffres qui semblèrent éteindre toute l’énergie dans la salle.
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