30 secondes après, les résultats des compatibilités furent enfin affichés sur l’écran principal de l’alphus, projetant des chiffres qui semblèrent éteindre toute l’énergie dans la salle.
Compatibilité :
Maniement de la dague : 3
Maniement de l’épée : 9
Un silence glacial s’abattit. Ces chiffres étaient ridiculement bas, si bas qu’ils paraissaient presque être une insulte.
Même les élèves les moins doués avaient obtenu des compatibilités supérieures à 20. Pour qu’une personne affiche de tels résultats, c’était inédit et surtout ridicule.
Puis, lentement, le silence fut brisé par des murmures étouffés, et enfin par des ricanements mal contenus.
« C’est une blague, non ? » lança un garçon aux cheveux blonds.
« Même un enfant sans entraînement aurait de meilleurs résultats ! »
« Je crois qu’il aurait mieux fait de ne pas se réveiller du tout » ajouta une fille, son ton méprisant.
Adam, au centre de tout cela et toujours dans la machine, sentit sa gorge se nouer.
Il baissa les yeux vers sa dague émoussée, terne et sans vie, désormais symbole parfait de sa médiocrité.
Le directeur lui-même paraissait troublé. Il fronça les sourcils et se tourna vers l’un des techniciens.
« Vous êtes sûrs que ces résultats ne sont pas erronés ? »
Le technicien secoua la tête, visiblement mal à l’aise.
«Les résultats sont exacts. »
Le directeur soupira profondément, se tournant à nouveau vers Adam qui venait de sortir de la machine malgré lui.
Il ne pouvait pas s’y cacher pour toujours.
Il y avait de la pitié dans le regard du directeur, mais aussi une pointe de frustration.
« Adam… Je crains que ces résultats signifient que ton avenir en tant qu’artiste martial sera extrêmement limité. Peut-être pourrais-tu envisager une voie différente. »
Ces mots frappèrent Adam comme une lame plantée dans son corps.
Tous ses rêves, toutes ses aspirations à devenir un guerrier respecté dans cette nouvelle vie si prometteuse, semblaient s’effondrer en un instant.
Mais alors qu’il s’apprêtait à descendre de l’estrade, quelque chose le retint.
Une voix intérieure, presque imperceptible, lui souffla de ne pas abandonner. Ses doigts se refermèrent instinctivement sur sa dague.
« Attendez. », dit-il, sa voix faible mais ferme.
À ce moment-là, Adan se tenait au centre de la scène devant un amphithéâtre complet.
Il balayait le regard de tout l'amphithéâtre avec vigueur.
Il n’avait pas élevé sa voix mais pourtant elle faisait écho dans toute la pièce remplie de monde.
Le directeur haussa un sourcil de surprise.
Mais Adam sentait qu’il devait faire cela.
« Attendez de me voir dans le futur. »
« Peut-être que ma compatibilité est faible… mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas apprendre. Peut-être que ce test ne mesure pas tout. Dans tous les cas, je trouverai une méthode ou une autre pour atteindre le sommet de ce monde ! »
Sa voix au début hésitante devint progressivement plus ferme et remplie de conviction.
Un éclat de rire jaillit parmi les élèves.
« Trouver une autre façon ? Avec un 3 et un 9 ? Bonne chance, mon gars ! »
« Vraiment que peut-il accomplir avec un talent et une compatibilité aussi faible ? »
« C’est mieux pour lui de rester chez papa et maman, il sera plus en sécurité ! »
Mais cette fois, Adam ignora totalement les moqueries de ses camarades.
Il serra les dents et fixa la foule devant lui.
« Même si je dois travailler dix fois plus que tout le monde, je le ferai. »
« Je deviendrai un puissance artiste martial, bien plus fort que vous tous ici ne pourriez jamais imaginer. »
Les professeurs observant cette scène derrière le directeur, ne savaient pas comment réagir, ils se regardaient simplement les uns et les autres.
De son côté le directeur observait la scène, les sourcils froncés.
Dans la foule, les moqueries continuaient.
« Ah ça y est, ce type est devenu complètement fou. »
« Sa place n’est pas sur un champ de bataille mais dans un hôpital psychiatrique. »
Peu importaient les chiffres. Peu importaient les rires. Si faible qu’il soit, il allait prouver qu’il avait sa place ici.
« Vous riez tous, mais souvenez-vous de ce moment. Souvenez-vous de ce jour où vous vous êtes moqués de moi. »
« Parce qu’un jour, je vous dépasserai tous. »
« Peu importe que ma compatibilité soit un 3 ou un 9. »
« Peu importe que ma dague soit terne et émoussée. »
« Je forgerai ma propre voie, et quand j’y parviendrai, ce ne seront pas ces chiffres qui me définiront, mais ce que je serai devenu. »
Il fit un pas en avant, serrant sa dague dans sa main, comme si ce simple objet insignifiant pouvait concentrer toute sa détermination.
« Vous, là, avec vos compatibilités de 30 ou plus. Vous croyez que tout vous est acquis parce que ce test vous a donné un chiffre. »
« Mais je vais vous le dire : ce n’est pas un nombre qui détermine ce que vous valez, c’est votre volonté. Et ma volonté… est incassable. »
Un silence pesant s’installa dans la salle. Pendant un instant, les moqueries s’étaient éteintes, comme si les élèves et les instructeurs ne savaient pas comment réagir à cette déclaration d’une audace folle.
Puis, le rire d’un élève brisa le silence, suivi par celui d’un autre, jusqu’à ce que la salle entière soit emplie de rires moqueurs.
« Tu nous dépasseras ? Avec un 3 en maniement de la dague ? » se moqua un garçon.
« Peut-être que tu te tiendra au sommet d’un cirque ou de la scène humoristique avec une déclaration pareille ! »
Une fille leva les yeux au ciel.
« La volonté ? Incassable ? Sérieusement ? T’es dans un monde où seuls les chiffres comptent, mon pauvre ! »
Même certains instructeurs échangèrent des regards amusés ou sceptiques.
« Il n’y a souvent qu’une mince ligne entre génie et folie. »
« De quel côté seras-tu jeune homme ? »
Les murmures du directeur ne furent entendus par personne.
De son côté Adam resta immobile, son expression inchangée. Il n’avait pas attendu qu’on le croie.
Il avait dit ces mots pour lui-même, afin qu’il n’abandonne jamais.
Ses poings tremblaient légèrement, mais pas de honte cette fois. C’était de l’excitation, une force qu’il n’avait jamais ressentie auparavant.
Il avait une nouvelle chance de vivre, et en plus dans un monde tellement fantastique. Cette chance, peu importe ses talents et sa compatibilité, il ferait tout pour la saisir et devenir plus fort.
Plus fort que même s’il avait un cancer dans cette vie aussi, il ne puisse pas en mourir.
Adam descendit de l’estrade sous les rires persistants, les regards sceptiques des professeurs et les yeux curieux du directeur.
Mais dans son cœur, il sentait une braise s’allumer.
Peu importaient les moqueries. Peu importaient les chiffres. Il avait fait une promesse aujourd’hui, et il comptait bien la tenir.
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