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Chapitre 6 - Réalité brute et froide

Peu importaient les moqueries. Peu importaient les chiffres. Il avait fait une promesse, et il comptait bien la tenir.

Bientôt tous les élèves finirent les tests, mais aucun d’entre eux n’obtint une compatibilité inférieure à 20, confirmant le talent désastreux d’Adam.

Mais ce dernier avait maintenant un visage imperturbable.

Le directeur monta sur la scène pendant que les équipes techniques désinstallaient et déplaçaient l’alphus.

« Chers élèves. » commença-t-il d’une voix claire et solennelle.

 « Aujourd’hui marque une étape importante dans vos vies. Vous avez découvert une partie de vous-même, une part essentielle de ce que vous êtes appelés à devenir. »

Il fit une pause, ses yeux étincelants d’une étrange intensité.

« Certains d’entre vous quittent cette salle avec du potentiel, le genre de don qui pourrait faire naître quelques rêves audacieux.»

« À vous, je dis ceci : ne vous reposez pas sur vos lauriers. Un grand talent sans discipline et sans effort n’est qu’une promesse vide. La puissance seule ne suffit pas. Elle doit être maîtrisée. »

Il le pensait vraiment, la compatibilité pouvait monter jusqu’à 100. Mais ces jeunes enfants avec seulement 30 ou 40 de compatibilité et en se comparant avec des étudiants ordinaires, pensaient vraiment être des génies et être au-dessus du lot.

C’était tous les ans la même chose.

Malheureusement pour eux, la plupart des vrais génies n’utilisaient pas ce genre de méthode primitive pour réveiller leur talent.

Sa voix se fit plus douce, mais son ton resta ferme.

« D’autres d’entre vous, peut-être, ressentent une pointe de déception. Votre talent semble modeste, voire insignifiant à vos yeux. Mais laissez-moi vous dire ceci : la véritable force ne réside pas dans ce que vous recevez, mais dans ce que vous faites avec. »

« Certains des plus grands héros de notre histoire ont commencé leur voyage avec des talents que beaucoup auraient jugés dérisoires. Leur courage, leur travail et leur persévérance ont forgé leur légende. »

Ce n’était pas vrai, il n’existait aucun héros avec un talent faible. Ou même s’il en avait un, ils avaient réussi à trouver un moyen pour l’améliorer.

Il était impossible de devenir fort sans un bon talent.

Le directeur le savait mais il voulait protéger ces adolescents encore enfant d’une réalité trop brutale à accepter.

Il inspira profondément, son regard se posant sur Adam un court instant avant de continuer.

 « Rappelez-vous, jeunes gens : ce jour n’est pas une fin, mais un commencement. Le réveil révèle votre potentiel, mais c’est votre volonté qui détermine votre destin. »

« Peu importe la nature de votre talent, il vous appartient. Il est le premier chapitre de votre histoire. Et cette histoire, c’est à vous de l’écrire. »

Un léger murmure parcourut la salle, et le directeur esquissa un sourire.

« Maintenant, retournez chez vous et reposez-vous. Demain, les premiers entraînements commenceront. Et je m’attends à voir chacun d’entre vous revenir prêt à forger son avenir pour intégrer une célèbre académie. »

Le silence fut rapidement remplacé par des applaudissements, tandis que les élèves quittaient peu à peu la salle, leurs pensées emplies d’espoir, de doutes, ou de détermination.

La cloche retentit également, marquant la fin de la cérémonie du réveil et des tests de compatibilité. Les élèves sortirent du bâtiment en groupes bruyants, certains exaltés, d'autres abattus, mais tous débordant d'émotions vives.

Adam les suivit, et sortit de l’école comme prévu.

Sa mère l’attendait à la sortie du lycée, son sourire toujours aussi chaleureux.

Mais elle vit les regards qui pesaient sur son fils, elle entendit les rires étouffés et les chuchotements emplis de moqueries qui le ciblaient.

« C’est lui, Adam, non ? Celui avec un 3 et un 9 ? » murmurait un garçon en pointant discrètement du doigt.

 « Ce qui est drôle c’est que même s’il a réveillé une dague, il a plus de compatibilité avec les épées que les dagues ! » ricana une fille, jetant un regard en coin à Adam.

Un autre élève, visiblement fier de ses résultats, passa à côté de lui en lançant à haute voix :

« Avec des chiffres pareils, autant abandonner maintenant. Il ferait mieux de s’inscrire à un cours de cuisine et commencer à nous faire à manger après nos futurs entraînements. »

Un camarade à ses côtés rit de sa bêtise et ajouta :

« Oh mais tu tiens un vrai business là, je pense qu’il pourrait vraiment faire quelque chose de sa vie s’il écoute tes conseils ! »

En entendant son fils être moquer en public, la mère d’Adam voulait devenir folle et leur crier dessus mais elle se retint après réflexion.

À son avis, cela ne ferait qu’ajouter davantage d’humiliation à son fils.

De son côté Adam ne réagit pas. Il continua de marcher, la tête haute, ses yeux fixés droit devant lui. Il ne leur donnerait pas la satisfaction de le voir vaciller.

En voyant cela, sa mère était fière mais elle ne semblait pas reconnaître son fils.

« Depuis quand est-il si fort mentalement ? » pensa-t-elle avec suspicion.

Lorsqu’Adam arriva devant elle, elle esquissa un sourire tendre, mais un peu hésitant.

Elle voulait lui demander quel genre de talent il avait réveillé.

Mais en voyant les moqueries, elle n’avait pas besoin de demander ; son fils n’était pas couvert de gloire, et cela lui serra le cœur.

« Adam… » murmura-t-elle en s’avançant vers lui.

Adam s’arrêta devant elle, ses yeux croisant les siens. Il resta silencieux une seconde, écoutant les moqueries lointaines et les murmures qui flottaient encore dans l’air.

Puis, sans une once de tristesse ou d’amertume, il lui dit simplement :

« Peut-on rentrer directement à la maison ? »

Sa voix était calme, presque indifférente.

Pas de colère, pas de plainte.

Sa mère, d’abord surprise par sa réaction, hocha rapidement la tête.

Elle avait mille questions à lui poser, mais le regard déterminé de son fils la retint.

Derrière eux, les élèves continuaient leurs commentaires. Certains s’esclaffaient bruyamment, d’autres murmuraient des paroles teintées d’un mépris mal dissimulé.

Mais Adam ne se retourna pas. Il ne ralentit pas. Chaque pas qu’il faisait semblait poser une barrière entre lui et cette journée.

Sa mère finit par briser le silence :

 « Tu… veux en parler ? »

Adam haussa les épaules, le visage impassible.

« Il n’y a rien à dire. Ce n’est que le début. »

Elle le regarda du coin de l’œil, cherchant des traces de frustration ou de tristesse, mais tout ce qu’elle vit était une détermination à toute épreuve, bien plus forte que ce qu’elle aurait imaginé.

Elle hocha simplement la tête, respectant son silence.

 


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